Tai Chi Chuan: la légende

Légende du Tai Chi Chuan

Histoire du Tai Chi Chuan : la légende du serpent et de l’oiseau

Quel mystère ce Tai Chi Chuan ! Même son origine reste mouvante, enfouie dans le passé, mêlée à la culture millénaire chinoise, pétrie des avancées de la médecine traditionnelle et ancrée dans des générations de boxeurs. Car une chose est sûre, le Tai Chi Chan est né de la rencontre des sages taoïstes, fins connaisseurs du Qi Gong, et des spécialistes des arts martiaux.

Plutôt que de fouiller les quatre grandes versions de l’origine de cet art, concentrons-nous sur la plus ancienne. La légende de la création du Tai Chi Chuan raconte qu’un sage taoïste, un immortel ayant pratiqué des arts martiaux externes de Shaolin, Zhang Sanfeng, vivait dans le célèbre mont Wudang entre le XII et le XIIIème siècle (selon la légende, il vécut 200 ans). Un jour, il assista à un combat entre un serpent et un oiseau (une pie selon la légende). L’oiseau fonce sur le serpent, l’attaque en piqué, lui donne des coups de becs, cherche à le blesser avec ses griffes acérées, s’envole et replonge frénétiquement. Le serpent, quant à lui, est alerte, observateur, il ondule pour éviter les attaques, réalise des mouvements en spirale.

Selon la version la plus connue, le serpent gagne le combat en prenant par surprise l’oiseau et en lui enfonçant ses dents dans le corps. Dans d’autres textes, le combat dura très longtemps sans qu’aucun des deux animaux ne prenne l’avantage. Zhang Sanfeng sortit et les animaux combattants avaient disparu. Une dernière version évacue l’idée d’un combat et raconte que Zhang Sanfeng avait été convoqué par l’empereur mais que la montagne où il vivait était encerclée de brigand. Pendant la nuit, il eut un rêve qui lui communiqua les principes d’un nouvel art martial qui lui permit de vaincre, à lui seul, une centaine de brigands.

Si l’on s’en tient au mythe du serpent et de l’oiseau, la vision de ce combat est pour lui une révélation le conduisant à créer la forme du Tai Chi Chuan. Le serpent, tout en rondeur et en souplesse, muni de son attention, se défend des coups violents et saccadés de l’oiseau qui cherche à l’emporter par la force. Nous avons là les grands principes du Tai Chi Chuan, le principe du souple enveloppant le dur, issu du principe taoïste de la souplesse l’emportant sur la force, et celui de l’attention qui gagne sur la dispersion. Le serpent, également, enroulé sur lui-même comme une spirale évoque le Taijitu, le symbole du Yin-Yang, également symbole du Tai Chi Chuan.

Cette histoire m’inspire aussi d’autres commentaires que je souhaiterais partager. Pour ma part, je penche pour la version où ni le serpent ni l’oiseau ne remportent le combat. En effet, le serpent, animal rampant sur la terre, représente l’aspect yin tandis que l’oiseau, animal céleste s’il en est, représente le yang. Pour obtenir la santé, la médecine chinoise nous apprend qu’il faut équilibrer le yin et le yang, ce mythe illustre donc un simulacre de combat, comme le Tai Chi Chuan, entre ces deux animaux où aucun ne l’emporte car c’est l’équilibre qui gagne… C’est de leur union dans le combat que nait la création de la forme par le maître… D’ailleurs, dans la forme du Tai Chi Chuan, nous avons plusieurs figures d’animaux dont font partie à la fois le serpent (le serpent qui rampe par exemple) et l’oiseau (caresser la queue de l’oiseau).

M’éloignant de la culture chinoise, je trouve aussi assez « drôle » de retrouver le serpent et l’oiseau dans plusieurs mythes. Chez les celtes par exemple, le serpent ailé, la vouivre, « est le grand symbole de la Lumière créatrice de Vie. C’est le lien qui relie la Terre au Ciel et le Monde Humain au Monde Divin. Il affirme ainsi l’Unité de la Création toute entière et que tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », citation tirée de Dr Jean Conquet, A propos de l’église de Bénévent : Des Druides aux Compagnons, 1997, p. 37. On retrouve dans ce texte la célèbre maxime d’Hermès Trismégiste. Du côté des cultures précolombiennes, Quetzalcóatl désigne le Serpent à plumes, une des principales divinités du panthéon de l’ancien Mexique. Son histoire et sa signification ont varié selon les époques. Dans les premiers mythes, il apparaît comme un Dieu de l’eau, plus tard comme un dieu représentant à la fois le Terrestre et le Céleste. Sous sa forme humaine, sa représentation est revêtue d’une carapace de forme hélicoïdale en guise de plastron (symbole de trombe), d’un chapeau en forme de cône tronqué recouvert d’une peau de jaguar (représentant l’enchanteur), de boucles d’oreilles en coquillage (symboles de son voyage dans les enfers océaniques), d’un pagne à la pointe arrondie (symbole de fertilité) et enfin d’un masque d’oiseau (symbolisant l’air)…

Nadine Susani

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